Pierre Perret Je n'ai jamais aimé que vous (Pierre Perret) -------------------------------------------------------------------------------- Je n'ai jamais aimé que vous, Que vous, que vous Et la p'tit blonde qui est en d'ssous, En d'ssous de tout. Après vingt ans d'amour fidèle, Hormis deux ou trois bagatelles, Est-ce le démon de midi Qui a mis dans notre propre lit Ce génie de la contorsion ? Pendant qu'vous f'siez les commissions, Vers le plafond, le noir duvet De son joli cul s'envolait. Je n'ai jamais aimé que vous, Que vous, que vous Mais la honte me vient au front D'avoir fait la comparaison : Vous le diamant sur mon fumier, Elle un gravier dans mon soulier, D'autant qu'elle est un peu vulgaire. De plus, c'est une roturière Issue de milieux interlop's, Mais voilà : c'est un' vraie salop'. Je n'ai jamais aimé que vous, Que vous, que vous. Certes, je me suis avili En la couchant dans notre lit. Le plus petit hôtel miteux Eut pour cela convenu mieux Car vous ignorez, je parie, Que la garce poussait des cris. Oui, cette bouillante Artémis N'arrêtait plus de crier : " Bis ! " Je n'ai jamais aimé que vous, Que vous, que vous. De cette passion dégoûté, Je ressors tout désenchanté Et, afin d'oublier ces liens Noués par nos élans païens, Je suis tout prêt à me rach'ter Par la plus grande lâcheté Et j'aurais pour elle, après tout, La mêm' bassesse que j'eus pour vous. Je n'ai jamais aimé que vous, Que vous, que vous, Et la p'tit blonde qui est en d'ssous, Maint'nant, j'm'en fous.